LE GRIP FAIT UNE ENQUETE AUPRES D'UN ARMURIER

Rédigé par Daniel 2 commentaires
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Le GRIP (GR) a envoyé une demande d'enquête à l'armurerie DANIEL DEKAISE (DDK).
Ci-dessous les questions du GRIP et les réponses de l'armurerie. Ces réponses peuvent vous inspirer pour répondre à des questions que les média pourraient poser.

GRIP ENQUETE


GR: Considérez-vous que la nouvelle loi sur les armes du 8 juin 2006 a affecté la vente d’armes ?
Si oui, comment et dans quelle mesure ?

DDK: Oui. Juste après la loi du 8 juin 2006 la vente d’armes aux particuliers a chuté de 50%.
Plusieurs collègues armuriers ont du fermer leur commerce.
Cette diminution s’est maintenue jusqu’à la modification de la loi sur les armes du 1 septembre 2008 où la situation est devenue un peu plus stable et un peu plus claire. Cependant, pendant cette même période les zones de police ont commencé le remplacement de leurs armes de service ce qui fait que les ventes d’armes aux forces de l’ordre ont augmenté.

GR: Avez-vous l’impression que l’amnistie qui courait jusqu’au 31 octobre 2008 a suscité l’intérêt des détenteurs d’armes ?

DDK: Non, la communication désastreuse et l’attitude excessivement négative des autorités semblent avoir eu un effet contraire sur certaines personnes. Il y a une rupture de confiance envers les autorités. D’autres personnes n’ont pas compris de quoi il s’agissait et n’ont pas réagi à temps.

Le sanctionnement actuel a encore renforcé cette méfiance : un gouvernement qui considère que les personnes ayant enfreint la loi sur les armes en n’ayant pas demandé le renouvellement de leurs autorisations, qu’ils avaient déjà légalement avant le 8 juin 2006, comme des détenteurs illégaux d’armes au lieu de considérer cette infraction comme une contravention administrative, ne suscite pas la confiance auprès de la population.
Beaucoup d’armes légales risquent d’ailleurs ainsi de passer dans le circuit illégal via des personnes honorables qui cherchent à préserver leur patrimoine historique et parfois même : leur investissement….. 

GR: Selon vous, aurait-elle dû être à nouveau prolongée ?
Si oui, pourquoi ?

DDK: Oui, absolument. 
La population est très mal informée sur la détention d’armes. D’ailleurs près de 40% des détenteurs légaux d’armes n’ont pas fait le nécessaire avant le 31 octobre 2008 pour faire renouveler leurs autorisations de détention (basé sur les chiffres de la région Bruxelles-Capitale, communiqués en janvier 2010 par le ministre de la justice suite à une question parlementaire), suite à la mauvaise information du gouvernement. Cette amnistie devrait être permanente de manière à ce que les détenteurs illégaux d’armes puissent 1 fois dans leur vie régulariser les armes qu’ils détiennent illégalement, souvent sans en être conscients. Cette mesure suivrait l’esprit de la loi du 8 juin 2006 et résulterait, après une reprise de la confiance des citoyens dans leur gouvernement, en une remontée à la surface de plusieurs armes illégales, d’où s’en suit que ces armes tomberaient sous le contrôle normal des autorités.

GR: Connaissez-vous la Directive européenne 91/477 relative au contrôle de l’acquisition et de la détention d’armes ?
Si oui, considérez-vous que la législation belge se trouve en conformité avec cette directive (notamment sur la durée des autorisations de détention) ?

DDK: Oui. La législation belge se trouve non seulement en conformité avec la directive mais dépasse largement cette directive en incluant les armes de cat C et D dans la cat B.
Egalement pour la durée des autorisations de détention : non seulement la loi oblige les gouverneurs de remettre en question les autorisations tous les 5 ans mais ils ont également, à tout moment, la possibilité de retirer ces autorisations si la sécurité publique est effectivement en danger.

GR: Êtes-vous amené fréquemment à rencontrer des personnes qui n’ont pas connaissance de la législation en matière de commerce et de détention d’armes ?
Si oui, comment les informez-vous ?

DDK: La nouvelle loi sur les armes a été tellement mal rédigée et a tellement souvent été modifiée que beaucoup de détenteurs d’armes confondent l’ancienne loi et les diverses dispositions qui ont été modifiées. De plus, certaines dispositions sont dépourvues de bon sens, comme les obligations de doubles et triples serrures pendant le transport des armes.
Actuellement certains gouvernements provinciaux commencent tout doucement à informer correctement les détenteurs d’armes venant aux informations, bien que certains autres prennent des décisions arbitraires ou informent (volontairement ?) mal les détenteurs d’armes.
Les armuriers sont pris actuellement entre le marteau et l’enclume, car non seulement ils doivent informer correctement les détenteurs d’armes mais ils doivent également corriger les erreurs des gouverneurs sur le plan de l’information et sur le plan de l’administration (erreurs dans les autorisations de détention) dues au fait que le personnel de l’administration provinciale a été engagé sur base de l’obligation de n’avoir aucun rapport avec des armes et agit sans connaissance de cause.

GR: Vous sentez-vous comme une personne-ressource vis-à-vis des acheteurs (vos clients se tournent-ils facilement vers vous pour obtenir des informations sur la législation) ?
Si oui, pouvez-vous préciser quelles informations sont le plus recherchées ?

DDK: Oui. Nos clients demandent des informations sur toutes les facettes de la législation concernant l’acquisition, la détention et l’utilisation des armes. Contrairement à l’idée toute faite, par certains, sur les détenteurs légaux d’armes, ceux-ci sont, à quelques exceptions près, consciencieux dans l’exécution de la loi sur les armes et cherchent à s’informer correctement. 

GR: Vous arrive-t-il de recevoir des plaintes d’acheteurs ?
Si oui, à quel sujet ?

DDK: Oui. Les plaintes portent souvent sur le fonctionnement mauvais ou carrément illégal de certains services provinciaux : refus arbitraires et non motivés d’autorisations, délais non respectés, refus de communiquer avec les détenteurs, mauvaises informations voire même illégales, invention de règles non-existantes, « perte » systématique de documents etc….
Les plaintes portent également sur la politique laxiste du gouvernement quand aux poursuites des criminels armés et des enquêtes sur la provenance de leurs armes illégales alors que les détenteurs légaux sont harcelés par des contraintes administratives et des contrôles perpétuels, immobilisant inutilement des centaines de policiers et de fonctionnaires qui pourraient être utilisés plus efficacement dans la lute contre la criminalité.

GR: Selon vous, quelle image le public a-t-il de votre profession ?

DDK: Le grand public est, en général, indifférent à notre profession, sauf ceux qui suivent les raisonnements totalement faux ou fantaisiste et irréaliste de certains médias.
La clientèle intéressée nous considère comme leur fournisseur d’articles nécessaires pour l’exercice de leur loisir et comme source d’informations qu’ils ne parviennent pas à recevoir auprès de leur autorité.

Daniel Beets

 
 

2 commentaires

#1  - Invité a dit :

Bien répondu Monsieur Dekaise. Il fut un temps où je ne vous aimais pas en tant que chasseur, mais dans ce cas précis je vous suis pleinement.
Merci.
Sylla

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#2  - JJS a dit :

C'est très étonnant que le grip s'inquiète de l'avis de nos armuriers.
Les réponses reflètent parfaitement ce que vivent actuellement tous les amateurs d'arme. Maintenant il faudrait savoir ce que le grip cherche (à nous nuire une fois de plus) avec ce questionnaire ?
De plus je suis ravi que Mr Sylla commence à apprécier les chasseurs ....

JJS

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