Vieux nous devenons, chaque jour un peu plus !

Rédigé par Eric Aucun commentaire
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C'est un fait. Une de ces farces que la vie nous réserve.

J'avais voici quelques années déjà soulevées le problème que le vieillissement pouvait à terme poser en terme de possibilité de pratiquer des activités liées à la détention et à l'utilisation d'une arme à feu. À l'époque, j'utilisais le vieillissement de la population dans les stands de tir comme argument de la nécessité de développer des activités « moins pointues » pour cette population.

 

Voici 20 ans, j'étais un nouveau tireur et un jeune tireur, après 20 ans de tir, je suis encore du côté des jeunes en moyenne d'âge.


Le fait est là, lorsque j'ai commencé à faire des trous dans une cible en carton voici 20 ans, j'étais un jeunot.Aujoud'hui à 40 ans je me situe encore dans la partie ascendante de la pyramide d'âge propre à notre activité. La population des tireurs vieillit et je suis heureux de pouvoir lire dans la revue tir que cette problématique est aussi à l'ordre du jour ailleurs avec le même consternant constat, si nous n'y prenons garde, ce n'est pas le monde politique qui aura la peau de notre activité, mais la limite d'âge. Comme quoi, il n'y a a pas que des choses qui nous opposent.

 

Je pense que beaucoup ne perçoivent pas encore l'ampleur du phénomène.

Celui-ci, ne se résume pas à un accroissement de l'âge moyen du tireur et à une courbe des décès ascendante. Dans de nombreux clubs, la gestion et l'organisation sont basées sur le bénévolat et par le jeu du vieillissement conjugué à un engagement professionnel de plus en plus lourds, le renouvellement des cadres bénévoles est de plus en plus difficile, à terme et sans tenir compte du nombre de tireurs inscrits, j'imagine que malheureusement certains clubs seront voués à disparaître.

 

Ce phénomène de vieillissement s'explique en partie par l'attractivité de notre passion.


Pendant 20 ans, j'ai amené beaucoup de gens à la découverte du tir. Malheureusement, si je tire un bilan 80 % de ces gens ont arrêté la pratique du tir pour de multiples raisons. Un de nos problèmes n'est pas seulement de ne pas attirer suffisamment de jeunes, mais c'est aussi, ensuite de motiver ces gens à rester et à rester actifs dans leur loisir. 

 

Il est certain que les nombreuses réformes légales et les projets ont fait du mal à notre loisir.

Le fait par exemple de ne plus pouvoir inviter un non-détenteur d'arme à essayer nos armes lors d'une soirée de tir et certainement un handicap, mais pas seulement. Et qu'on ne vienne pas me rabâcher les oreilles du fait qu'il ne soit pas permis de conduire une voiture sans permis de conduire, sur un terrain privé chacun fait ce qu'il veut, des amis m'ont proposé de piloter des avions et des hélicoptères sans que cela ne pose de problème et sans que je ne dispose du document requis. En cette matière, le tir souffre d'une discrimination légale qui avait pour objectif de réduire la potentialité de créer une émulation et en appliquant cette mesure avec zèle, on a fait le jeu des anti-armes. Le fait est une fois encore que dans ce cas de figure, les gens qui ont dénoncé cette disposition à l'époque se sont fait traiter d'imbécile. Nous voyons aujourd'hui que leurs prévisions se sont avérées fondées. 

 

Nous ne sommes pas assez visibles et le souci du politiquement correct l'emporte sur la passion.

Notre activité est déjà très statique, passe relativement mal à la télévision sauf à de très rares exceptions. Lorsque par hasard des personnes intéressées par la pratique du tir franchissent la porte d'un stand de tir ou d'une armurerie, il faut leur expliquer les subtilités légales et les diverses prescriptions, examens, visite médicale et domiciliaire qu'elles devront subir si d'aventure elles s'obstinent à vouloir pratiquer le tir. C'est un peu comme si en football ou en équitation, le club où vous inscrivez vos enfants avait l'obligation préalablement à l'inscription de vous parler des multiples risques d'accident liés à ces activités et les handicaps potentiels résultants d'une pratique assidue de ces activités. Sauf que dans notre cas il nous est en plus imposé, de tenir compte d'élément extérieur comme la criminalité et le trafic international d'armes. Une fois encore, le tir a eu droit à un traitement spécial et loin d'accueillir, d'encadrer les nouveaux tireurs dans le dédale administratif, certains se sont appuyés sur les textes pour s'isoler du monde extérieur à l'image de ces clubs ou on ne vous reçoit même pas si vous n'êtes pas parrainés par des membres déjà inscrits. Certains clubs ont une structure tellement verrouillée qu'ils finissent par fermer par manque d'adhérent alors que des dizaines de tireurs résidents aux alentours sont astreints à faire de nombreux kilomètres pour vivre leur passion dans des infrastructures plus accueillantes.

Trouver à contrer ce vieillissement devra être un axe prioritaire.

C'est évidemment une question de survie financière pour les clubs. Le point est d'autant plus important que dans les années à venir un des axes de bataille du lobby anti-arme sera l'impact environnemental du tir et que l'on peut déjà imaginer que des contraintes techniques seront imposées aux clubs de tir. Il en va de la survie aussi pour les amateurs d'armes qui veulent maintenir une activité dans le domaine. Il n'y a pas de solution miracle, la recette est en gros la même que pour la défense de nos droits. Des gens vont devoir s'investir davantage pour la pérennité de l'activité. Nous ne pouvons espérer que l'actuelle génération reste en place indéfiniment, il faut dès aujourd'hui penser à demain. Je profite de ce passage pour souligner l'importance d'un relais correcte entre l'ancien et le nouveau. Il faut dépasser cette logique stérile d'opposition, nous avons plus besoin de dialogue que de dictat.

Si nous ne trouvons pas le moyen d'inverser la tendance et de faire cela rapidement, la diminution des membres actifs entraînera la disparition de club qui à leur tour fera disparaître plus de tireurs.

Cette spirale sera difficile à inverser et il faut rappeler ici le fait qu'un stand de tir qui ferme, surtout un stand à balle risque de ne pas pouvoir rouvrir. L'impact financier que cette diminution entraînera sera rapidement visible chez les armuriers et chez les associations, les clubs et les fédérations.

Je reste persuadé que l'aspect ludique de notre activité a ici un rôle de première importance à jouer dans le maintien en activité des amateurs d'armes.


De même que les activités funs qui contribuent à offrir une image dynamique et à attirer une population plus jeune dans la pratique de notre activité. Bien sûr ce n'est pas la panacée. Vous ne maintiendrez pas l'activité de compétiteur âgé par l'organisation de concours au rabais et vous ne ferez pas durer un tireur ludique qui ne pratique que les tirs funs si vous ne parvenez pas à l'intéresser à des formes de tir plus classique. Cependant, si vous mixez ces deux dernières données, une partie de la solution se fait jour. Pourquoi ne pas imaginer investir et créer des équipes de formation, sur base volontaire et avec un éventail très large de formation. Des formations externes aux structures des clubs, en interne ceux-ci ont la possibilité de développer leurs spécificités, mais des équipes indépendantes et itinérantes offrent plus de flexibilité. Elles sont souples en regard de la taille du club et permettent une réponse rapide à des demandes spécifiques. Ces équipes auraient pour vocation d'être pluridisciplinaires en terme de technique propre à une pratique responsable du tir. Du tir sous toutes ces formes bien sures. Elles seraient aussi pluridisciplinaire dans la mesure ou elles pourraient le cas échéant produire des cycles de formation, information en externe vis-à-vis de notre communauté, mais aussi fournirait le support que le candidat tireur est en droit d'attendre de sa future communauté.

Ce n'est qu'un voeu pieux.


Sans doute, cette manière d'envisager les choses. D'imaginer que des alternatives puissent être trouvées à notre déclin inéluctable apparaît-elle comme trop progressiste. En fait, c'est notre immobilisme qui nous nuit aujourd'hui. Nous n'osons plus revendiquer des droits et nous n'osons même plus affirmer notre qualité d'amateur d'armes. On nous a ôté le goût de la réussite et si rapidement par un moyen ou un autre nous n'inversons pas la vapeur, je crains que la spirale dans laquelle nous sommes entrées ne s'accélère et ne scelle de manière définitive et rapide notre destin à tous.

Eric Blondieau, administrateur. pour la DAAA-AVWL

 

 

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